C’est un réel plaisir pour moi d’être en votre compagnie aujourd’hui.
Ma présence parmi vous ce matin consiste à vous réitérer notre soutien afin de comprendre l’importance que notre mission accorde à de telles initiatives qui concourent à rappeler et renforcer les relations qui unissent nos deux nations depuis l’indépendance du Burkina Faso.
Je voudrais commencer par vous parler un peu de l’Ambassadeur Skinner. Ambassadeur Elliot P. Skinner était un anthropologue qui portait un grand intérêt pour les cultures africaines, notamment celles du Burkina Faso (ou je dois dire, de la Haute-Volta) et de la politique des États-Unis de l’époque.
Dans sa nécrologie, le New York Times a écrit : « il était particulièrement préoccupé par le fait que la politique étrangère des États-Unis soit informée par une connaissance précise de l’Afrique. »
Dans les années 1960, les États-Unis étaient en pleine ébullition sur des sujets tels que les relations raciales. Tandis que les africains-américains se battaient pour obtenir le droit de vote à travers le mouvement des droits civiques, en Afrique, les pays luttaient pour leur indépendances. Ce fût une époque de changement social massif dans le monde entier.
Cet homme, Skinner était fier de ses racines africaines et son engagement à faire avancer les relations entre l’Afrique et les USA se sont traduits à travers ses écrits:
–The Mossi of the Upper Volta: The Political Development of a Sudanese People (1964)
-A Glorious Age in Africa: The Story of Three Great African Empires (1965)
-African Urban life: The Transformation of Ouagadougou (1974)
-African Americans and U.S. Policy Toward Africa, 1850-1924: In Defense of Black Nationality (1992).
C’est dans ce contexte que nous percevons l’ambassadeur Skinner comme étant un homme qui défendait des idées de liberté, d’égalité et de justice.
D’ailleurs cela se retrouve à travers un de ses entretiens où il le dit clairement «We don’t believe that economic man is the only man that should exist. We believe in freedom, liberty and justice » qui se traduit par :« nous ne croyons pas que l’Homme puisse exister seulement pour des raisons économiques. Nous croyons en la liberté, l’égalité et la justice ».
L’Ambassadeur Skinner plaidait pour que les Africains-Américains fassent face à leur héritage. Et il a dit, je cite, « nous aidons notre pays à obtenir une vue plus claire de la terre de nos ancêtres, qu’il obtienne une vision plus claire de notre nature et de notre être. » C’est-à- dire qu’il faut comprendre l’histoire ou le passé pour comprendre nous- mêmes nos racines.
Les défis de notre époque ne sont certainement plus les mêmes que ceux de l’époque de l’Ambassadeur Skinner. Il s’agissait notamment à cette époque de la lutte contre l’apartheid, de la décolonisation en Afrique, ou encore la lutte pour les droits civiques et politiques aux USA.
Aujourd’hui l’un de nos défis les plus importants en Afrique est celui de la vraie paix, c’est à dire, la démocratie, le développement économique et social, de la défense ou de la lutte contre l’insécurité. Ces problèmes sont énormes en eux-mêmes. Je pense que le Burkina vient de franchir une étape avec la tenue de ses élections présidentielles, législatives et municipales qui lui permettent de revenir à la normale afin de propulser son développement.
Ce séminaire se tient dans une université, un centre d’apprentissage. Cela signifie, qu’on apprend parfois des idées contraires à ce que nous pensons savoir. Cela signifie aussi, je pense, que les philosophes ici présents seront d’accord, n’est-ce pas à remettre en question ce que nous pensons être bien ou mal.
Je veux encourager les étudiants dans la salle à trouver des sujets de débats pour discuter avec vos amis. Un débat qui vous permettra de défendre vos idées et bâtir une logique pour vos opinions.
J’ai rencontré des professeurs, (j’en étais un moi-même) qui se plaignaient de la volonté des étudiants de simplement copier, copier et mémoriser. Vous ne pouvez pas réussir si vous ne pensez pas par vous-mêmes. Je voudrais remercier et encourager le professeur Lazare Ki-Zerbo pour cette initiative sur l’Ambassadeur Skinner. Grâce à vos recherches, la jeune génération est entrain de découvrir un pan de l’histoire et de la culture burkinabé vu par ce diplomate américain.
A l’ancien ambassadeur qui a aidé à organiser l’événement. Dr. Philippe Savadogo Merci pour tous les efforts dans la réalisation de l’évènement d’aujourd’hui -Qu’avez-vous appris dans vos expériences à l’étranger, que vous pouvez enseigner à ces jeunes d’aujourd’hui ?
Certains d’entre vous avez fait face à des défis peut-être semblables à ceux de l’Ambassadeur Skinner je croix. Je vous encourage à ne pas venir sur le campus une fois par an ou une fois par mois, mais de trouver du temps pour passer régulièrement échanger avec ces jeunes esprits assoiffés de connaissances.
La paix sur ce continent peut se traduire à travers l’éducation, la formation des jeunes afin qu’ils deviennent de vrais leaders de demain.
Je vous remercie pour l’honneur qui est fait à mon pays les Etats-Unis en ce jour où vous honorez un des ambassadeurs américains au Burkina Faso, à l’époque où ce pays n’était qu’une jeune nation Africaine.